Capsule DD 074 (10:10)

Le collectif Forbidden stories - Des jeunes femmes journalistes engagées pour le climat - Carte Blanche à Jeff Livingston


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Capsule DD n°74

Vendredi 17 février 2023

L’idée qui transforme : Le collectif Forbidden stories

Le portrait de la capsule : Des jeunes femmes journalistes engagées pour le climat

Carte blanche à Jeffrey Livingston, enseignant en anglais à UniLaSalle Rennes

TRANSCRIPTION

L’idée qui transforme : Le collectif Forbidden stories

Caroline Cette semaine, dans la capsule, on vous parle du collectif de journalistes Forbidden stories, qui a dévoilé cette semaine un travail d’ampleur de désinformation menée par une structure israélienne : “Team Jorge” une organisation de désinformation, de fake news agissant à l’échelle mondiale en menant des campagnes d’influences, de dénigrement, de fausses informations qui s’appuie entre autres sur un dispositif de faux comptes de réseaux sociaux.

Le collectif qui a permis de mettre en lumière ces agissements est donc Forbidden stories, un réseau de journalistes internationaux dont la mission première est de poursuivre et publier les travaux et enquêtes d’autres journalistes qui ne sont plus en mesure de poursuivre leur travail car menacés, emprisonnés ou assassinés. Pour chaque enquête menée, un consortium de médias locaux et internationaux est réuni pour enquêter. En France, le Monde et Radio France font partie du dispositif. Grâce au réseau du collectif qui compte parmi les plus grands médias au Monde et permet une couverture planétaire, il s’agit de s’assurer que le maximum de personnes puisse avoir accès à une information indépendante sur des sujets clefs comme la santé, l’environnement, les droits de l’homme ou la corruption.

Les enquêtes sont donc en mesure d’être dévoilés simultanément aux quatre coins de la planète. Car la mission du collectif c’est bien d’assurer la liberté de la presse, et comme l’explique sa devise : “même si vous parvenez à réduire le messager au silence, vous n’arrêterez pas le message” Aujourd’hui, plus de 60 médias et 150 journalistes ont participé aux enquêtes menées par Fobidden stories, dans 49 pays différents On compte parmi les enquêtes déterminantes du collectif, outre celle qui concerne team Jorge, le projet Cartel en 2020 au Mexique, le Pegasus project en 2021, le projet Green blood sur les scandales environnementaux ou bien le projet Daphne, du prénom de cette journaliste Maltaise assassiné en 2017 et qui enquêtait sur des affaires de corruption sur l’île méditerranéenne.

Afin de démontrer l’impact de son action, le collectif produit chaque année un rapport d’impact sur l’ampleur qu’il a pu donner aux messages des journalistes empêchés qu’il représente.

Pour revenir au projet Daphné et démontrer que son assassinat n’a pas fait taire son enquête bien au contraire, alors que son blog était consulté par 300000 personnes environ, après la publication du Daphné projet par Forbidden stories et la reprise par d’autres médias non-partenaires au niveau mondial de leur travail, une enquête Kantar estime que 74 millions de personnes en ont entendu parler. Mais surtout au-delà de cette information du grand public, le travail du collectif a fait réagir la Commission européenne, le parlement et le conseil de l'Europe, avec notamment la nomination d’un rapporteur pour surveiller l’état de droit à Malte. Ce sont aussi des milliers de personnes qui ont défilé et ont provoqué la démission de plusieurs hauts fonctionnaires et du Premier ministre accusés d’avoir participé ou d’avoir été complice du meurtre.

Pour en savoir plus, sur Forbidden stories et sur les enquêtes menées, je vous invite à vous rendre sur leur site internet : forbiddenstories.org. Un acteur déterminant pour protéger nos démocraties, lutter contre la désinformation, et démontrer l’importance et la fragilité de la liberté de la presse.

Le portrait de la capsule : Des jeunes femmes journalistes engagées pour le climat

Nathalie La Capsule DD a décidé de mettre en lumière trois jeunes femmes journalistes, toutes signataires de la Charte « Pour un journalisme à la hauteur de l’écologie ». Elle a été signée depuis septembre 2022 par 1 600 professionnels des médias. Cette charte a été pensée comme une boussole qui propose 13 points pour mieux traiter l’information sur le climat et l’environnement.

Juliette QUEF est à l’initiative de la rédaction de cette charte. Cette jeune femme est également co-fondatrice et Présidente de Vert, le média qui annonce la couleur :

“Vert, c’est un média généraliste sur l’actualité du climat et du vivant. C’est une newsletter qui se lit chaque jour, qui est envoyée à nos abonnés par mail. Le but, c’est de faire le tour de l’actualité de l’écologie en 7 minutes de lecture. Pourquoi ça a été créé ? Parce qu’il nous semblait qu’il manquait un média généraliste qui traite des sujets politiques, économiques, culturels, tous les sujets du climat à la biodiversité en passant par les transports, les déchets, qui voit le monde à travers le prisme de l’écologie”.

Juliette QUEF nous explique pourquoi elle a bifurqué vers le journalisme il y a 3 ans, après une première vie professionnelle qui ne l’épanouissait plus :

“A des moments de canicule, je me suis sentie angoissée par le futur. Et je me suis dit, mais enfin, dans quel monde est-ce que je vais grandir, dans quel monde je vais vivre ? Est-ce que je vais avoir des enfants ? Et c’est là où j’ai eu envie de faire du journalisme et de porter ces sujets-là qui pour moi sont majeurs. C’est un prisme de lecture du monde.”

Pour Anne-Sophie NOVEL, journaliste indépendante spécialisée sur les questions liées à l’environnement, cette conscience écologique est née durant ses études supérieures, comme elle l'expliquait en 2019 au micro de La Terre au carré sur France Inter :

“En 2002-2003, j’étais étudiante en économie, très sensible aux questions d’injustice sociale et d’inégalités. Ce que j’étudiais ne prenait pas en compte ces questions-là. J’ai commencé à questionner les modèles économiques : pourquoi il y a autant d’inégalités ? Pourquoi ces injustices-là sont encore là, pourquoi l’environnement n’est pas pris en compte, pourquoi le CO2 n’est pas intégré aux modèles micro-économiques ? Et j’ai mis le doigt dans ces questions par une porte d’entrée plutôt économique et sociale avant de tirer le fil de la bobine environnementale et de relier ça dans mon analyse du monde dans lequel on vit aujourd’hui.”

De son côté, Paloma MORITZ a participé à la rédaction de la charte « Pour un journalisme à la hauteur de l’écologie ». Diplômée de Sciences Po, la jeune journaliste est responsable depuis 2021 du pôle écologie du média indépendant en ligne Blast. Voici comment elle définit son métier :

“En tant que journaliste, on a une responsabilité. On ne peut plus simplement se contenter de dénoncer des problèmes. Je pense qu’on a aussi besoin de montrer les solutions, de montrer ce qui fonctionne, de montrer aussi ces changements de système. J’irai même encore plus loin, mon idée c’est de prendre les sentiments d’indignation et les prises de conscience qu’on peut créer à travers des reportages puis de les rendre féconds et de pousser à l’action.”

C’est donc tout un écosystème de médias qui se met en marche vers un traitement journalistique de qualité sur la question de l’urgence climatique. Et cette évolution est rendue possible grâce au travail de ces journalistes engagées pour l’environnement et pour les générations futures.

Carte blanche à Jeffrey Livingston, enseignant en anglais à UniLaSalle Rennes

Conclusion

Geoffroy C’était la Capsule DD, le podcast de la durabilité dans l’enseignement supérieur.

Merci à Jeff pour sa participation.

Et à la manœuvre, comme toujours, l’équipe de la Direction de la Transformation Écologique et Sociétale d’UniLaSalle : Cécile, Iris, Caroline, Nathalie, Thomas et Geoffroy.

On se retrouve dans 15 jours.

Et d’ici là, vous pouvez méditez cette pensée attribuée à Milan Kundera : “ “Le pouvoir du journaliste ne se fonde pas sur le droit de poser une question, mais sur celui d'exiger une réponse.””