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Capsule DD n°82
vendredi 9 juin 2023
L’idée qui transforme : Malgré l’urgence climatique, la mode est accro au plastique…
Portrait de la Capsule : Camille Etienne
Tous les extraits sonores du Portrait de cette semaine sont tirés de l'interview donnée par Camille Etienne à Ben Névert le 13 février 2023. Vous pouvez retrouver cette interview dans son intégralité sur Youtube - 48:19.
Carte blanche à Thomas Viveret : De la géothermie à l’Elysée
TRANSCRIPTION
L’idée qui transforme : Malgré l’urgence climatique, la mode est accro au plastique…
Nathalie « Notre garde-robe est remplie de pétrole et de micro-plastiques » : telle est la conclusion d’un rapport publié en décembre 2022 par la fondation Changing Markets et l’ONG française No Plastic in my Sea.
Ce rapport intitulé « Synthétiques anonymes 2.0 » fait le constat que les fibres produites à partir de combustibles fossiles représentent les deux tiers des textiles : le polyester représente 65 % de la production mondiale de textile et les fibres artificielles environ 10 %. Malheureusement, nylon, acrylique, polyuréthane ou élasthanne sont produits et vendus à petit prix. Et ils sont à la base du modèle économique de la « fast fashion ». Le prêt-à-porter perpétue donc la dépendance à l’extraction de combustibles fossiles en pleine urgence climatique.
Par ailleurs, laver et porter des vêtements composés de fibres synthétiques représente également une source de pollution importante. D’après une étude publiée par le Marine Biology and Ecology Research Center en 2016, plus de 700 000 microparticules de plastique sont libérées par les machines à laver individuelles dans les eaux usées. Un constat confirmé en 2020 par une étude anglaise de l’université de Plymouth. Pourtant, des solutions existent pour diminuer les rejets de microfibres dans l’environnement : préférer les vêtements en fibres naturelles comme le lin ou équiper les machines à laver de filtres à microplastiques, comme le prévoit la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire sur les lave-linge neufs à partir du 1er janvier 2025.
En parallèle, la législation française avance : depuis le 1er janvier 2023, les vêtements et textiles composés à plus de 50% de fibres issues de combustibles fossiles doivent désormais porter la mention "rejette des microfibres plastiques dans l'environnement lors du lavage". Une mesure visant à mieux informer les consommateurs qui devrait concerner l’ensemble des fabricants d’ici 2024.
Alors que le gouvernement français réfléchit à la mise en place d’un éco-score pour les vêtements, une douzaine de marques françaises du textile s'engagent déjà à afficher une note, de A à E, sur l'empreinte environnementale de ce qu'ils vendent. Mettre en place ce score dans l'habillement, c'est une disposition de la loi Climat et résilience votée en août 2021 : elle prévoit, d'ici cinq ans, un affichage environnemental sur les produits de grande consommation, dont le textile.
Si vous souhaitez en savoir plus sur l’impact de l’industrie de la mode sur l’environnement, je vous conseille la lecture de Fashion, publié dans la collection Fake or nØt chez Tana Editions. En préambule de ce livre écrit par Catherine Dauriac, Présidente de Fashion Revolution France, nous apprenons que « nous avons produit assez de vêtements pour habiller la planète jusqu’en 2100, alors que nous ne portons en moyenne qu’un tiers de notre vestiaire et que nous jetons l’équivalent d’une benne de textile chaque seconde dans le monde ». Selon Catherine Dauriac, le contexte actuel de renchérissement du prix de l’énergie devrait nous conduire à revoir nos habitudes de consommation comme acheter de la seconde main ou recourir au troc de vêtements. Il en va donc de la responsabilité de chacun d’adapter sa consommation de vêtements à ses valeurs.
Le portrait de la capsule : Camille Etienne
Cette semaine, dans le portrait de la Capsule, nous mettons à l’honneur Camille Etienne, jeune militante déjà très connue.
Elle s’était notamment distinguée lors de cet échange avec une député Renaissance qui critiquait ses modes d’action. Ecoutez :
EXTRAIT 1
Les extraits suivants sont tirés de l’interview que Camille Etienne a donné Ben Névert. Elle répond tout d’abord à la question : est-ce que la situation est foutue ? Ou a-t-on raison de garder espoir ? Et elle appuie sur notre capacité d’action.
EXTRAIT 2
Dans l’extrait suivant, Camille Etienne partage ce qui lui donne de la force mais aussi ce qui l’a touché les derniers mois et a pu la conduire à un burn-out militant :
EXTRAIT 3
Et en guise de conclusion, elle vous partage sa vision du sens de l’histoire !
EXTRAIT 4
Carte Blanche à Thomas Viveret : De la géothermie à l’Elysée
Connaissez-vous la passoire thermique la plus célèbre de la République française ? J’ai nommé l’Elysée. 365 pièces, des salles immenses mal isolées, des fenêtres sans double vitrage, bref un bébé très énergivore. Chauffer le palais de l’Élysée s’est tombé dans un véritable gouffre financier et écologique.
Toutefois il semble qu’une solution ait été trouvée grâce au jardin conséquent de la maison du président qui regorge de ressources. En effet, afin de réduire la facture, le palais présidentiel va s’orienter vers de la géothermie, soit le fait de se servir de la chaleur naturellement présente dans le sol.
Alors comment ça marche ? Le système fonctionne grâce à deux puits qui permettent d’injecter de l’eau froide dans le sol à 64 mètres de profondeur, là où la roche est à 15°C. L’eau s’y réchauffe naturellement avant d’être envoyée à la surface grâce à l’effet des pompes à chaleur du palais qui finissent par réinjecter de nouveau cette eau vers le sous-sol, finalisant ainsi le circuit fermé.
Ce dispositif permettra de produire 4 à 5 kilowatts d’énergie en chauffage en ne consommant qu’un seul kilowatt d’électricité, un réel gain ! Cet investissement de 600 000 euros s’inscrit dans une stratégie long terme permettant de diviser les factures de l’Elysée par quatre et de réduire de près de 80% les émissions de CO2 liées au chauffage et à la climatisation.
Un bon devoir d’exemplarité alors qu'il est demandé aux Français de faire davantage d’effort sur l’isolation et la consommation énergétique. Qui sait ? Peut-être que cette idée leur est venue en s’appuyant sur les travaux de ferme historique de Beauvais qui, si vous ne le savez pas, est en grande partie alimentée par de la géothermie !
Générique de fin
C’était la Capsule DD, le podcast de la durabilité dans l’enseignement supérieur.
Merci à l’équipe de la Direction de la Transformation Écologique et Sociétale d’UniLaSalle : Nathalie, Iris, Cécile, Caroline, Thomas et Geoffroy.
On se retrouve dans 15 jours.
Et d’ici là, vous pouvez méditez cette pensée attribuée à Victor Hugo : “C’est une triste chose de songer que la nature parle et que le genre humain n’écoute pas”.