Capsule DD 080 (17:30)

Préserver et restaurer les tourbières pour lutter contre le changement climatique - Le portrait de la capsule : Aurélien Bigo, Alumni UniLaSalle Beauvais et chercheur sur la transition énergétique des transports - Carte blanche à Fériel Bacoup, chargée de recherche au sein de l’unité Transformations & Agro-Ressources d’UniLaSalle


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Episode Content

Capsule n°80

vendredi 12 mai 2023

Préserver et restaurer les tourbières pour lutter contre le changement climatique

  • Dans la Manche, la plus grande tourbière de France va bientôt cesser d’être exploitée pour protéger le climat, Le Monde, 3 mai 2023 Lire l’article en ligne

Le portrait de la capsule :

Carte blanche à Fériel Bacoup, chargée de recherche au sein de l’unité Transformations & Agro-Ressources à UniLaSalle

  • Livre conseillé : Collectif (2012). La chimie et la nature, Paris : EDP Sciences. 300 p. ISBN : 978-2-759-80754-3 Voir le site de l’éditeur

Le portrait de la capsule : Aurélien Bigo, Alumni UniLaSalle Beauvais et chercheur sur la transition énergétique des transports

Carte blanche à Fériel Bacoup, chargée de recherche au sein de l’unité Transformations & Agro-Ressources d’UniLaSalle

TRANSCRIPTION

L’idée qui transforme : Préserver et restaurer les tourbières pour lutter contre le changement climatique

Caroline On trouve dans le département de la Manche, une des plus grandes tourbières de France, la tourbière de Sèves dont l’exploitation industrielle sera stoppée en 2026. Un enjeu de taille dans la lutte contre les changements climatiques et la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

En effet, bien que les tourbières, ces zones humides, ne couvrent qu’environ 3% de la surface de la planète, elle stocke environ 30% du carbone dans leurs sols. Il s’agit de puits de carbone déterminants et primordiaux dans la lutte contre le réchauffement climatique et l’atteinte de la neutralité carbone. Car, si les tourbières sont détruites ou asséchées, elles perdent leur fonction de puits de carbone et deviennent alors très fortement émettrices de gaz à effet de serre. On estime que chaque année 500 000 hectares de tourbières sont détruits libérant ainsi 2 milliards de tonnes équivalent CO2.

Ces destructions sont le résultat notamment de fortes pressions dues à l’activités humaines comme le drainage pour permettre l’agriculture ou la sylviculture, l’érosion des sols du au pâturage ou bien l’extraction de la tourbe utilisée comme combustible.

Agir pour préserver les tourbières est donc une absolue nécessité, au risque sinon d’engendrer une dangereuse boucle de rétroaction, c’est-à-dire qu’au lieu de faire office d’importants puits de carbone, les tourbières deviendraient des émetteurs majeurs d’émissions de GES en libérant le carbone stocké. On estime que les émissions de gaz à effet de serre provenant des tourbières dégradées pourraient consommer à elles seules 41 % du budget d’émissions qui reste à l’humanité pour limiter le réchauffement climatique à 1,5° C d’ici à 2100 par rapport à l’ère préindustrielle.

En France, les tourbières représentent seulement 0,11% du territoire pourtant elles contiennent près d’un quart des émissions de GES annuelles du pays. Les plus grandes se situent, en Manche donc, en Brière au nord de l’estuaire de la Loire et en amont de la vallée du Rhône. C’est pourquoi plusieurs programmes de restauration des tourbières sont à l’œuvre en Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Danemark et en France. Par exemple, dans le Jura, un projet financé à 50% par la commission européenne entre 2014 et 2021 a permis pour 8 millions d’euros de réhabiliter des tourbières dans le Jura, via des drains et des fossés rebouchés, constructions de barrage souterrains pour éviter le déversement des eaux et le réaménagement de cours d’eau. Les effets sont alors positifs sur la captation des émissions des gaz à effet de serre mais aussi sur la biodiversité, l’amélioration de la qualité de l’eau.

Concernant la tourbière de Sèves située dans le Cotentin, la fin de son exploitation a donc été actée pour l’année 2026 avec l’arrêt du pompage de ces eaux qui permettra de stopper ces émissions de GES du actuellement à la baisse du niveau d’eau qu’elle engendre. Il sera néanmoins nécessaire d’accompagner notamment les agricultures qui se situent à proximité et qui verront une partie de leurs terres inondées et donc plus exploitables.

Le portrait de la capsule : Aurélien Bigo, Alumni UniLaSalle Beauvais et chercheur sur la transition énergétique des transports

Carte Blanche à Fériel Bacoup

Nathalie Aujourd’hui, nous laissons carte blanche à une fidèle auditrice de la Capsule DD : notre collègue Fériel Bacoup, chargée de recherche au sein de l’unité Transformations & Agro-Ressources d’UniLaSalle...

Fériel Je suis chimiste de formation et je suis toujours aussi passionnée par ce domaine. Mais malheureusement, j’ai pu constater à quel point l’image de la chimie s’est ternie au fil des années. Elle est très souvent associée aux différentes pollutions qui nous entourent. Elle joue pourtant un rôle primordial dans notre compréhension des phénomènes matériels, de quelle façon les molécules interagissent les unes avec les autres et peuvent se transformer et donc, de mieux comprendre les milieux naturels.

Je vous invite d’ailleurs à lire le livre La chimie et la nature de la collection Actualités chimiques dans lequel ce collectif de scientifiques explique, à travers des exemples très variés, comment la chimie contribue à améliorer nos connaissances des nombreux mécanismes présents dans les écosystèmes et comment l’homme s’inspire de ces connaissances pour rechercher des alternatives aux matières premières pétrosourcées.

Depuis maintenant 7 ans que j’ai intégré l’unité Transformations et Agro-Ressources d’UniLaSalle, j’ai l’opportunité de développer cette vision plus durable de la chimie, et c’est ce qui nous permet d’imaginer avec mes collègues au sein de notre équipe de recherche de nouveaux matériaux biosourcés plus innovants.

Pour vous donner un exemple, nous travaillons sur l’élaboration de nouveaux types de panneaux de particules isolants. Généralement, lors du processus de thermocompression, il faut utiliser un liant pour assembler les particules entre elles, ce liant étant majoritairement d’origine pétrosourcée. Notre équipe a donc cherché à trouver une alternative à ce liant en travaillant à partir de la moelle de maïs, qui est la matière que l’on trouve à l’intérieur de la tige de maïs.

Après analyse, nous avons observé que la moelle de maïs contient une quantité importante de sucres et de protéines. En ajoutant de l’eau lors de la thermocompression, la moelle de maïs va se vaporiser et on va pouvoir extraire les sucres et les protéines. Ceci va permettre de lier les particules de moelle de maïs entre elles. Grâce à une connaissance chimique de la matière, nous avons donc pu réaliser un panneau isolant sans liant ajouté, en se servant uniquement de la composition naturelle de la matière végétale.

Comme vous le voyez, la chimie peut apporter sa contribution à la préservation de notre environnement !

Générique de fin

Geoffroy C’était la Capsule DD, le podcast de la durabilité dans l’enseignement supérieur.

Merci à Aurélien Bigo et Fériel Bacoup pour leur participation. Et, comme toujours, merci à toute l’équipe de la Direction de la Transformation Écologique et Sociétale d’UniLaSalle : Nathalie, Iris, Cécile, Caroline, Thomas et Geoffroy.

On se retrouve dans 15 jours.

Et d’ici là, vous pouvez méditez cette pensée de Léonard de Vinci : “Va prendre tes leçons dans la nature, c’est là qu’est notre futur”.